ciao amore (cassie)

   cassie ● miller
   [ when i get to warwick avenue, please drop the past and be true ]
   

   

PRENOM(S) NOM : Cassie Deborah Miller. AGE : vingt-neuf ans, bientôt trente. DATE ET LIEU DE NAISSANCE : née le 22 juillet 1986 à New York. ORIGINES : américaine par son père et canadienne par sa mère. STATUT CIVIL : veuve / hétérosexuelle à ce jour, mais il ne faut jamais dire jamais. ETUDES/METIER(S) : elle a obtenu un bachelor en 'psychologie de l'enfant' qui, à vrai dire, ne lui a jamais été vraiment utile, puisque à la fin de son parcours universitaire elle n'a cherché à travailler, son mari gagnant suffisamment pour les faire vivre tout deux, après l'ouragan, alors qu'elle s'est réfugiée à New York chez ses parents, Cassie est devenue institutrice. PARCOURS : la jeune femme, qui est née à New York, est venue vivre très jeune, à peine âgée de quelques mois, à St Petersburg, sa mère ayant pris la décision que sa famille ne grandirait pas encerclée de quatre tours, dans un univers qui lui paraissait asphyxiant. Cassie a grandi dans cette ville, il y a été à l'école et connait donc à peu près tout le monde. Si elle a toujours été une jeune fille sociable, ses parents se sont quant à eux beaucoup moins bien adaptés aux habitants de St Petersburg qu'ils ne jugeait pas 'de même rang social'. A l'âge de dix-huit ans, Cassie a rencontré Ronald, surnommé 'Ronnie' par tous, et en est tombé follement amoureuse. Ronnie était un fils de bonne famille, comme Cassie, ce qui ravit les parents de cette dernière. Ils emménagèrent rapidement ensemble, d'abord à l'université, dans une ville voisine, alors que Cassie étudiait la psychologie de l'enfant et Ronald le commerce internationale. A la fin de leur parcours universitaire ils firent l'acquisition d'une maison dotée d'un sublime jardin fleuri d'une superficie tout aussi impressionnante que sa beauté. Ronald décrocha un poste de directeur commercial dans une entreprise de vente par correspondance, un travail en or pour lequel il avait été pistonné par les parents de Cassie (un vieil ami de son père qui en était le fondateur). Cassie quant à elle décida de rester à la maison et se découvrit de nombreuses passions comme le théâtre ou la peinture. Leur train de vie, qui n'échappa à personne, provoqua la jalousie d'un bon nombre de personnes et peu à peu le couple rompit tout lien avec leurs amis de St Petersburg, préférant les nouveaux collègues de Ronnie et camarade d'association de Cassie. Quelques mois plus tard, les parents de Cassie quittèrent la région et repartirent vers leur New York natal et c'est exactement huit mois plus tard que les ouragans Jenkens frappèrent la ville. Dès les premiers bulletins météorologiques annonçant la catastrophe, le couple décida de se réfugier à New York, non sans mal, laissant derrière eux leur demeure tant aimée. La maison fut détruite durant l'ouragan. Trois ans plus tard un cancer, d'abord au cerveau puis généralisé, fut diagnostiqué chez Ronald: il décéda seulement quelques mois plus tard, refusant la plupart des traitements proposés par les médecins, souvent trop douloureux et sans espoir. Avant son décès, Cassie apprit qu'elle était enceinte: elle décida bien sûr de garder l'enfant et mit au monde un magnifique garçon: Tom. Cassie décida de faire reconstruire sa maison de St Petersburg pour le premier anniversaire de son fils, elle commença à travailler dans une école primaire en tant qu'institutrice. Un an plus tard, les travaux bien avancés, elle décida de revenir vivre dans son ancienne ville, cependant sans son fils, du moins pour le moment, qu'elle confia à ses parents, quant à eux restés à New York, ne daignant plus mettre un pied à St Petersburg. PLUS GRAND REVE : retrouver une vie stable sans son mari, avec son fils et pourquoi pas refaire sa vie, elle qui n'a pas encore trente ans. AMBITION : 45%  TRAITS DE CARACTERE : Cassie est une femme douce et calme, c'est une personne posée qui inspire généralement la confiance et la sérénité aux premiers abords. C'est une personne cultivée, ouverte d'esprit, notamment face aux différentes cultures, qui s'intéresse à de nombreux domaines et à toutes les curiosités de ce monde, notamment le cinéma, la littérature et la peinture. Il est aussi vrai que Cassie est une personne plus ou moins faible psychologiquement, habituée depuis toujours à être protégée, que ce soit par ses parents ou bien par son mari, cependant depuis la mort de ce dernier elle s'est forgé un autre caractère et est devenue une femme plus indépendante, plus sûre d'elle et est enfin capable de s'assumer pleinement, elle et son fils. Cassie est quelqu'un qui peut cependant très vite s'angoisser, comme par exemple pour son retour à St Petersburg, bien qu'elle essaye de se canaliser, ces temps-ci elle voit tout en noir et demeure dans une attitude négative, sûrement due à tous ces souvenirs plus douloureux, les uns que les autres, qui refont surface petit à petit. De nature timide, Cassie préférera rire des blagues des autres plutôt que d'en faire elle-même. Très discrète dans la vie de tous les jours, elle ne supporte pas les personnes exubérantes qui en font toujours trop et qui surjouent constamment. De toute évidence le côté 'conservateur' de sa mère a déteint peu à peu sur elle.  GROUPE : left behind. AVATAR : Keira Knightley.

   ▷ Cassie n'a jamais eu de relations 'complémentaires' avec ses parents, encore aujourd'hui, que ce soit au sujet de son retour à St Petersburg auquel ils se sont bien sûr formellement opposés comme si ils avaient encore à vingt-neuf ans un mot à dire sur la façon dont leur fille gère sa vie, ou encore au sujet de l'éducation de Tom, le fils de Cassie et de Ronald, leurs rares échanges sont généralement froids et succincts. Le père de Cassie est le descendant d'une riche famille américaine ayant fait fortune dans le pétrole, puis plus tard dans différents domaines tels que l'industrie textile ou encore la cosmétique et l'alimentation. Sa mère, quant à elle, est la fille d'un immigré canadien qui, en fuyant son pays sans le sou, rencontra une jeune américaine désirant elle aussi fuir, mais non pas son pays mais son petit village natal du fin fond du Texas et ainsi être libérée des contraintes que lui imposait son travail à la ferme familiale. Mr et Mme Miller ont longtemps vécu à New York avant la naissance de leur enfant, puis quelques mois après l'accouchement ils décidèrent d'un commun accord de partir vivre 'à la campagne'. Même si on ne peut desceller en eux un fond foncièrement mauvais, les parents de Cassie sont restés et resteront définitivement des new-yorkais et ils ne s'intégrèrent jamais réellement à la vie locale de St Petersburg, maintenant souvent leur fille en mauvaise posture vis à vis de ses jeunes camarades qui trouvèrent durant toute sa scolarité sa famille 'spéciale'.
   ▷ Malgré le fait que Cassie prête une attention toute particulière à son hygiène de vie (yoga, sport en tout genre, alimentation biologique, tentative de recettes 'detoxs' les unes plus farfelues que les autres), elle a commencé à fumer très jeune: vers l'âge de treize/quatorze ans. Principalement pour imiter sa mère et en imaginant naïvement qu'avec une cigarette entre les doigts elle aussi aurait autant de classe que les héroïnes des films français que regardait en boucle ses parents le dimanche après-midi. Après la catastrophe Cassie s'est mis à fumer de plus en plus souvent, jusqu'à atteindre un paquet entier par jour. Depuis le décès de son mari elle a réduit de moitié sa consommation de tabac, passant par différentes phases de craquage, notamment dû au stress de la vie quotidienne et de son retour.
   ▷ Cassie s'intéresse énormément aux cultures étrangères, notamment à travers les arts en tout genre: cinéma, littérature, peinture, photographie, sculpture, etc. Au lycée elle a apprit le français et l'italien, ainsi que des bases d'allemand qu'elle parle aujourd'hui couramment. Puis elle s'est lancé le défi d'apprendre l'espagnol de manière autodidactique, avant son entrée à l'université. Aujourd'hui, si elle ne comprends pas tous les dialogues des films d'Almodovar, elle sait tout de même se débrouiller et peut aisément communiquer à propos de sujets simples.
   ▷ S'il y a bien une chose qui ne s'explique pas ce sont les traumatismes après un évènement marquant, tel que l'ouragan. Depuis cette catastrophe laissant derrière elle en ruine tous les souvenirs de la jeune femme et la vie qu'elle s'était peu à peu construite au fil des années avec Ronald, son mari, Cassie n'a jamais plus regardé un bulletin météorologique, que ce soit à la télévision, sur internet ou même la météo sur les journaux papiers.
  ▷ Cassie a nommé son fils Tom car Ronald, son mari et père de son enfant, était un grand fan des aventures de Tom Sawyer quand il était plus jeune et possédait une collection presque complète d'objets en tout genre représentant son héros d'enfance, allant des simples figurines, aux bandes dessinées, aux cassette VHS d'époque, etc. A la mort de son mari, Cassie a souhaité récupéré cette collection longtemps gardé en lieu sûr chez ses beaux-parents afin de la remettre à son fils plus tard, même si, à vrai dire, à l'heure actuelle toute la collection est emprisonnée dans un carton du grenier avec pour simple étiquetage un bandeau où il est écrit 'fragile'.
  ▷ Cassie n'a pas vraiment de porte bonheur, et ne croit pas d'ailleurs en ces choses là et tout autre type de superstitions, cependant elle ne se sépare jamais de l'alliance de son mari ainsi qu'une de leur photo de mariage qu'elle garde en sûreté dans son portefeuille non loin d'une photo de son fils à l'anniversaire de ses un an. Elle porte aussi régulièrement autour du cou un pendentif orné, à son bout, d'une perle de valeur. Pendentif qu'elle a reçu en héritage de sa grand-mère paternelle. Cependant elle ne le porte que pour son aspect esthétique, bien plus que pour son aspect sentimentale, puisqu'elle n'a jamais été proche de la propriétaire du bijou, décédée précocement d'un cancer du pancréas alors que sa petite-fille n'avait que neuf ans.
▷ Quelque peu angoissée de nature, son retour dans son village natal lui fait faire régulièrement des cauchemars depuis quelques semaines. A vrai dire, la jeune femme ne sait pas encore comment se comporter avec ses anciens amis et voisins qu'elle devra sûrement croiser au détour d'une rue ou d'un rayon du supermarché. Elle ne sait pas s'ils sont au courant que Ronald est décédé et encore moi qu'elle a eut un enfant de lui aujourd'hui âgé de deux ans, resté chez ses grands-parents maternels à New York.

(hors-jeu):

  [ all the days spent together, i wished for better, but i didn't want the train to come ]

Cassie fourra à tout hâte dans son panier en osier le sac en plastique rempli de pommes que venait de lui tendre d'un geste brusque un vieil homme à l'air abattu, assit derrière son comptoir, à attendre patiemment que le temps et sans doute que la journée se termine au plus vite. Elle veilla à ce que tout cela reste bien en place dans son panier déjà bien plein. La vue qui s'en dégageait était digne d'un tableau de maître: tant de couleurs, tant de contraste, un chef-d’œuvre. Puis, la jeune femme reprit sa course, elle songea qu'il ne fallait pas perdre une minute, d'abord parce que, c'est bien connu, les meilleurs produits partent toujours en premier car les meilleurs producteurs sont souvent ceux qui ont le plus la côte et il était tout bonnement hors de question pour elle de se rabattre sur des légumes de qualité inférieure, puis parce que ce midi elle devait cuisinait pour toute une ribambelle d'invités que son mari avait jugé bon d'inviter sans l'avoir consulté auparavant: ses parents ainsi que ses beaux-parents avaient été conviés, mais aussi des amis de son maris, des collègues (puisqu'il est fondamental de faire la différence entre amis et collègues, on invite un ami pour profiter d'un moment agréable autour d'un verre, on invite un collègue pour se faire mousser, bien Cassie haïssait au plus haut point cette mentalité). La jeune femme déambulait à nouveau entre les allées, passant de gauche à droite, faisant quelques fois demi-tour, jeta un regard furtif mais avisé à chaque fruits, chaque légumes, qui croisaient son chemin. Souvent elle s'arrêtait, approcher un fruit de son nez pour en savourer tout son parfum, puis elle le reposait, peu convaincu. Enfin, au détour d'une des allées centrales elle s'arrêta à un stand de cerises qui au soleil flamboyaient d'un rouge étincelant. Elle répondit 'un kilo' au marchand qui lui demandait la quantité qu'elle souhaitait et fière de son achat elle repartit. En tournant les talons elle sentit une légère secousse, baissa les yeux et vit au sol quelques pommes qui venaient de s'échapper de son panier. Elle se baissa pour les ramasser avant quelqu'un ne les piétine puis aperçut une paire de mains au doigts longs et fins, ornés de bagues fantaisies. "Cassie ! Oh Cass' c'est toi !" Elle passa une main dans ses cheveux afin de plaquer ses mèches folles derrière ses oreilles, puis elle fixa la jeune femme en face d'elle qui venait de la frappait de plein fouet. "Frances ! Qu... qu'elle surprise. Ça fait longtemps." Ce à quoi rétorqua la dénommée Frances: "Longtemps ? Tu rigoles, ça fait une éternité ! Oh ça doit bien faire deux ans... on s'était croisée après que tu sois diplômée et depuis... plus rien." Ça ne faisait donc que deux ans... il semblait à Cassie que cela faisait déjà une éternité, que le temps passe vite. Ses années universitaires lui paraissaient déjà tellement loin, les quelques souvenirs qui lui revenaient en tête semblait venir d'un autre monde, une autre dimension. Sa vie avait tellement changé en quelques années, tout avait été basculé, entre son mariage avec Ronald, son emménagement, cette maison qui avait de toute évidence conquit son cœur dès la première visite et elle se sentait tellement bien avec son mari. Ses habitudes avaient changer, elle s'était trouvé de nouvelles occupations, la peinture, la littérature, elle avait rattraper le temps perdu durant son adolescence, elle se passionnait désormais pour les cultures étrangères, elle continuait assidument son apprentissage du portugais. Elle resta un certain moment avec son amie d'enfance. Elles échangèrent sur leur vie en général. Frances se rappela que Cassie avait toujours aimé les langues étrangères et qu'elle avait un 'don surnaturel' pour les acquérir aussi facilement, cette dernière se fit la réflexion intérieure qu'il n'était pas vraiment question de don ou je ne sais quoi, mais qu'il suffisait de passion pour une langue, une culture et surtout de la persévérance. Frances avait toujours été une fille sympathique et drôle, seulement elle abandonné constamment. Elle avait arrêté ses études à la fin de sa première année de bachelor, elle avait quitté son copain de l'époque pour partir à l'aventure alors qu'ils avaient de beaux projets mûrement réfléchis après cinq ans de relation, l'aventure qu'elle s'était projeté s'arrêta finalement à un petit village situé à peine 200 km de St Petersburg ou elle daigna rentrer chez elle jugeant que cette 'expérience' lui avait assez apporté. Elle informa maintenant qu'elle avait trouvé un poste de libraire dans une ville de la région et que même si elle avait de la route à faire, elle préférait rester à St Petersburg: "Parce que ça reste ma ville... tu vois ce que je veux dire, toi aussi tu as toujours vécu ici." Cassie répondit par l'affirmative d'un sourire accompagné d'un signe de tête. "Et avec Ronnie alors ? Ça se passe bien ? J'ai l'impression en tout cas, regardes toi, tu as l'air radieuse !" Et toute évidence elle l'était: épanouie et radieuse. "Tu sais comment est Ronald... toujours aussi attentionné et gentil. Je ne peux pas rêver mieux. Je sais que c'est totalement bateau de dire ça mais c'est vrai pourtant." répondit-elle en gloussant légèrement. Elle tourna se balança la tête de droite à gauche en jetant des regards aux étalages alentour, presque pressée de reprendre son rythme et à sa course à travers les allées du marché. Les odeurs et les couleurs, le bruit qui les entourait, les rires des enfants jouant à se courir après, Cassie songea que c'était bien pour tout cela que jamais elle ne quitterait St Petersburg pour New York. Sans se douter que c'est ce qu'il arriverait à peine un an plus tard.

Les deux jeunes femmes s'embrassèrent puis se promirent de se revoir autour d'un verre un de ces jours, pourquoi pas avec d'autres anciennes connaissances du lycée, pour se remémorer des souvenirs, sans doute aussi pour se juger les unes les autres, noter la vie de chacune, juger de qui avait la vie la plus exaltante, de qui avait le mieux réussie. Mais au fond Cassie connaissait trop bien ses promesses en l'air que l'ont fait presque machinalement, comme si c'était un code de bonne conduite, comme pour ne pas froisser son interlocuteur, pour lui montrer un semblant d'intérêt. Bien sûr, elle ne détestait pas Frances, elle avait longtemps pour elle une amie proche. Mais aujourd'hui que restait-il de tout ça ? De toute évidence: rien. Leur vie était tellement différente, tout avait tellement changé et personne ne pouvait rien faire contre ça. Cassie s'en voulut de penser ça mais elle ne pouvait s'empêcher de croire que seule elle avait évoluée. Tous n'étaient pas aller à l'université, ce que ses parents n'auraient jamais accepté, son père ayant déjà du mal à comprendre que sa fille ne travaille pas et reste à la maison et ne manquant pas une occasion de lui suggérer de trouve un travail, même à mi-temps, affirmant avec un air digne d'un grand professeur, que son diplôme n'aurait plus aucune valeur d'ici deux ou trois ans et qu'elle n'exploitait pas assez ses capacités, qu'elle aurait continué en master. Seulement tout cela l'ennuyait terriblement, bien la psychologie de l'enfant ait longtemps passionné la jeune femme, ce domaine lui semblait désormais désuet. Et puis Ronnie gagnait assez bien sa vie maintenant pour les faire vivre tout les deux: travailler n'avait aucun intérêt, elle pouvait s'occuper autrement."Je vais prendre de ces magnifiques oranges, monsieur. Oui. Oh... je dirais... un bon kilo."

DEUX ANS PLUS TARD

"Combien de temps exactement ?" L'homme d'une cinquantaine d'années enleva sa blouse pour se mettre plus à l'aise et pivota dans son fauteuil avant de la poser délicatement, comme un objet de valeur, sur l'autre bout de bureau qui paraissait démesurément grand pour un si petit bureau, ou bien était-ce justement un effet d'optique, un bureau si grand ne pouvait que réduire de moitié la superficie de la pièce. Cela devait sans doute rajouter une touche d'intimité dans la consultation, pensa Cassie. "C'est impossible à dire, madame. Je constante que, malheureusement, son état se dégrade..." Le médecin insista sur le 'malheureusement' puis croisa ses mains comme pour se donner de l'importance ou pour montrer aux deux femmes en face de lui qu'il parlait maintenant de quelque chose de sérieux, comme si ce qui précédé ne l'était pas vraiment, comme pour les prévenir qu'il fallait qu'elle soit prête, que maintenant il rentrait dans le vif du sujet. "Combien de temps ? Environ." La jeune femme vit du côté de l’œil sa mère qui ne cessait de la fixer puis de porter son regard sur le médecin, sa tête tournait de gauche à droite sans arrêt, on aurait pu croire qu'elle regardait un match de tennis et cela commençait à insupporter Cassie. "Madame Miller, je..." Elle renforça son regard, ne lui laissant pas le choix. "Je ne veux pas trop m'avancer, c'est très délicat de juger à ce stade là de la maladie, mais je dirais... trois à quatre mois. Peut-être moins si son état continu à se dégrader à cette vitesse. Chaque jours qui passent, votre mari un peu plus de force, il est épuisé." Cassie passa sa main dans ses cheveux, excédée. "Je sais ça, que mon mari est épuisé. Vous pensez donc que c'est une bonne idée de lui annoncer ma grossesse maintenant ?" La mère de la jeune femme fit un léger bond sur son siège: "Enfin. Chérie !" Elle passa son bras sur celui de sa fille mais le retira aussitôt lorsque celle-ci tourna les yeux pour lui lancer un regard noir avant de lancer au docteur: "Ma mère, qui a tellement insisté pour m'accompagner, pense que je ne devrais rien dire à mon mari. Qu'il est trop faible pour entendre ça et que cela n'arrangerait rien." Cassie n'avait jamais vraiment su ce que sa mère pensait de son compagnon, à vrai dire elles n'en avaient jamais vraiment parlé toutes les deux, peut-être qu'elle ne préférait pas savoir. Ronald avait une bonne situation, elle avait brillamment décrocher un bachelor en commerce internationale qui lui avait permis d'obtenir un poste de directeur commercial, de toute évidence il gagnait bien sa vie, ne manquait de rien et veillait surtout à ce que sa femme ne manque de rien. "Vous savez, je... je ne suis pas psychologue, je... votre mari est en droit d'être mis au courant. C'est vrai qu'il est faible mais cette magnifique nouvelle pourrait aussi lui redonner du baume au cœur." La mère de Cassie bredouilla quelques mots incompréhensibles en guise de désaccord profond avec le médecin, qu'elle avait d'ailleurs elle-même recommander à sa fille et vendu comme étant le meilleur cancérologue de tout New York, médecin qui avait lui-même était conseillé à sa mère par une amie, d'une amie, d'une amie... A New York, comme partout, tout marchait par le bouche à oreille et même Cassie ne pouvait s'empêcher de se méfier des conseils de sa mère, pourtant remplis de bonnes intentions, elle avait renoncé à chercher un autre médecin, les hôpitaux publics de New York étaient tous déjà plein à craquer, les rendez-vous toujours trop tard et ils n'avaient plus de temps à prendre depuis que le cancer du cerveau de Ronald s'était généralisé. "Quand pourrais-je le voir ?" Elle leva les yeux, les larmes lui montaient. "Je vais demander à une infirmière, mais actuellement il doit être en salle de réveil." Le docteur se leva de la chaise et longea son bureau en manquant de faire tomber une pile d'une trentaine de dossiers. "Vous avez réussi à tout enlever ?" L'homme s'arrêta à la porte, la tête baissée, l'air penaud et ne daignant pas lever les yeux vers la femme de son patient. "Non, madame. Il y en avait trop... les métastases s'étendent de plus en plus, et je ne pouvais risquer de toucher un de ses organes... Je suis désolé." Cassie resta là, assis sur la chaise. Sa mère passa sa main sur son bras et cette fois-ci elle ne la retira pas. Elle ferma ses yeux en même temps que la porte qui émit un léger bruit au choc du contact avec l'encadrement de porte. A cet instant il lui sembla que ce léger son provenait de son intérieur, de son cœur, dont une partie infime venait inévitablement de se décrocher.
Cassie passa sa main sur son ventre et se mit à prier.